Trois Bram au Brussels Jazz Festival…

Trois Bram au Brussels Jazz Festival…

Bram De Looze © Olivier Lestoquoit

Gros succès public pour cette dixième édition du festival qui, chaque année, ouvre des portes à un nouveau jazz et joue sur l’étalement des concerts qui débutent parfois en début d’après-midi pour se clôturer bien tard au son de DJ et autres jazzmen aux influences londoniennes. Autant dire que c’est un plaisir de traîner dans les allées de Flagey à la rencontre de musiciens, organisateurs et journalistes étrangers, musiciens et amis.

Le principe s’applique chaque année au Brussels Jazz à Flagey : Maarten van Rousselt choisit un jeune musicien de la scène bruxelloise en alternant d’année en année musiciens francophone et néerlandophone. Cette année, le choix s’est porté sur Bram De Looze, choix ô combien pertinent, tant le jeune pianiste de 34 ans illumine la scène belge et d’ailleurs de ses projets. Pour cette carte blanche, Bram De Looze s’est « offert » un quartet de rêve avec Joey Baron (qu’il a déjà fréquenté il y a quelques années dans le trio « monkien » de Robin Verheyen), l’incontournable Thomas Morgan (qu’on a vu sur cette même scène avec Bill Frisell et le Philharmonique), et le violoncelliste Hank Roberts, figure majeure du jazz contemporain. Deux jours de répétition seulement pour mettre en place les compositions du pianiste essentiellement écrites dans une atmosphère proche d’un jazz de chambre (la première était un clin d’œil à sa petite fille -Tutu ?- qui assistait pour la première fois à un concert de son papa !) où l’improvisation avait sa place menée par le toujours souriant Baron. Le climat s’échauffait un peu sur les compositions de Hank Roberts dans une atmosphère plus soul en fin de concert.

Bram De Looze & Do Yeon Kim © Olivier Lestoquoit

Le dimanche après-midi dans l’intime studio 1, on découvrait une autre facette du pianiste. On le sait intéressé, voire même imprégné de culture asiatique et coréenne en particulier, le pays de son épouse. C’est avec le gayageum, instrument à cordes traditionnel, de la Coréenne Do Yeon Kim qu’on le retrouve sur scène. Clairement, on n’est plus dans le jazz tel que nous l’entendons : sans doute une grande part du programme repose-t-elle sur l’improvisation et l’écoute mutuelle, le partage d’une intimité et d’une retenue sans doute lié au volume sonore de l’instrument coréen. L’atmosphère dans le studio est éthérée, délicate, quasi romantique.

Avec le trio « Vice Versa », Bram se retrouve en terrain connu : le trio a déjà enregistré un album « live » au Bijloke et ce concert à Flagey sera lui aussi publié prochainement. Avec Charles McPherson à la batterie, remarquable rythmicien, et Félix Henkelhausen à la contrebasse, on sent le trio en confiance sur ce nouveau répertoire qui, cette fois, n’est pas uniquement de la plume du pianiste, mais révèle un contrebassiste inspiré et volubile.

On aura sûrement l’occasion de reparler du concert-phare-événement de cette dixième édition (une sortie CD ? Comme celle du concert de Bill Frisell qui vient d’être nominé aux Grammy Awards !) : le quartet de Craig Taborn avec le Brussels Philharmonic, a en tout cas enflammé le studio 4. Un fantastique moment de musique, riche, d’une grande originalité, mené par un chef et un orchestre qui n’ont pas froid aux oreilles !

Bram De Looze Vice Versa © Olivier Lestoquoit
Jean-Pierre Goffin