UNITRIO : Page 4

UNITRIO : Page 4

Altrisuoni PBR Records

Quinze ans déjà que ces trois-là tournent les pages de leur talentueux trio : « Page 1 » en 2008, « Page 2 » en 2012, « Page 3 » en 2017 avec cette superbe galerie de Picasso, et aujourd’hui « Page 4 ». Une complicité-fidélité qui fait plaisir à écouter, tant de nos jours les projets se résument souvent à un « one shot ». D’aucun diront qu’on n’a plus la surprise de l’inédit et je leur répondrai que c’est tant mieux. Ce trio est au sommet de sa maturité, sonne comme un seul homme et nous offre une musique à la fois pointue, joyeuse ou réservée, et baignée de tradition. Aux commandes du « Unitrio », Frédéric Borey au saxophone ténor, Damien Argentieri à l’orgue Hammond B3 et Alain Tissot à la batterie.

Trio soudé jusqu’à l’équilibre parfait entre les compositions : trois pour chacun. Dans l’intro de la première pièce « Lunatic », on pense à « Our Kind of Sabi » de Eddy Louiss et à Stan Getz dont Frédéric Borey possède la sonorité chaude et le sens de la mélodie. « Another Space » débute par un unisson sax-Hammond sur un tempo haletant tenu par Alain Tissot ; « Motherless », autre composition d’Argentieri, voit aussi Tissot casser les codes de la ballade traditionnelle sur la douce mélodie que clôture un saisissant battement de cœur. On est accroché par l’attention portée à l’équilibre des rôles dans le trio. Ainsi, sur « Perpetual State » de Frédéric Borey, on est happé à la fois par la belle mélodie, le jeu de balais de Tissot et le jeu en contrepoint d’Argentieri. L’album se ferme sur « L’Âme de Didier » qu’on ne peut voir que comme un hommage à Didier Lockwood, une pièce tout en sérénité et profondeur. Quinze ans après son premier opus, « Unitrio » brille toujours par sa complicité et son inspiration.

Jean-Pierre Goffin