
Uroboro : The Bass Speaks
Retracer le parcours artistique de Keith Jafrate relève du défi audacieux sinon suicidaire. Où est-il né ? Quelles sont ses influences ? Connaît-il la recette du lacquemant ? Autant d’interrogations qui demeurent à leurs points de départ. Wikipédia ? Connait pas. Un site personnel ? Personne ne semble s’en être soucié. Toutefois, en glanant ci et là quelques informations recoupées sur la toile, on parvient à retrouver quelques traces du passage de ce compositeur/saxophoniste/poète dans la petite Histoire de la musique improvisée. On notera par exemple son implication dans les projets éphémères The Argot Notes (fin des nineties) et Wolf Scares (quinze ans plus tard). Plus notablement, il fonde le concept Orfeo 5 avec l’electro-musicien Shaun Blezard, un groupe au sein duquel transitent notamment Matthew Bourne et la poétesse Dianne Darby.
Dès le 7 novembre 2023, la trace se fait plus nette. Cette date correspond à la publication d’un premier album de la formation à géométrie variable Uroboro (le serpent qui se mord la queue et symbolise l’éternité) dont il dirige la destinée. « A Story Fire » (déjà paru chez Discus) est lui aussi un double CD généreusement gorgé. Selon les besoins, le groupe se mue en quartet ou en formation plus élargie, avec une ossature fidèle que l’on retrouve sur « The Bass Speaks » : Laura Cole au piano, Anton Hunter à la guitare et aux effets, Johnny Hunter à la batterie et John Pope à la basse. Viennent s’ajouter à présent le violon et la flûte de Faith Brackenbury et de Sylvie Rose qui assument par ailleurs un chant volontairement approximatif. La gestation de cet album (et son titre) découle d’une demande de John Pope pour qu’une brochure reprenant les lignes de basse écrites à son attention soit créée. C’est à partir de là que se développe ce projet-ci réparti sur deux chapitres distincts. Le premier CD, « Five Songs » regroupe… quatre longues « chansons » dépassant chacune largement les dix minutes. Le second CD quant à lui, « The Bass Speaks » représente un long récit où les voix et les improvisations s’entrelacent.
Si on ne sait plus très bien où cataloguer cette musique (jazz, folk décharné, rock dézoné…). On retiendra par contre que « The Bass Speaks » est une œuvre spirituelle, hypnotique et engagée qui ne laissera personne insensible.
N.B. : la version téléchargée vous propose d’obtenir les paroles sous la forme d’un fichier pdf.