Vestige : Ode

Vestige : Ode

Feeling Good Music Records

A peine a-t-on fini d’encenser le projet autour de la musique de Lili boulanger proposé par Tom Bourgeois que le saxophoniste-clarinettiste nous dévoile une autre facette de ses intérêts multiples : l’Asie et plus précisément Taïwan où il réside au moins un mois tous les deux ans. L’histoire naît au Conservatoire flamand de Bruxelles, le KCB, où il rencontre des étudiants venus de l’île tant convoitée, ainsi la chanteuse Tsai Wen-Hui d’abord dès 2016 lors de la création du projet « Vestige ». Composé de la vocaliste-arrangeuse-compositrice de Taïwan, de Tom Bourgeois au sax-ténor et à la clarinette basse, Thomas Mayade au bugle, Quinten de Cracker au trombone, Fil Caporali à la contrebasse et Daniel Jonkers à la batterie, « Vestige » sort un premier album en 2022 surtout distribué en Asie et que l’on redécouvre ici à l’occasion de la sortie du second volet du sextet intitulé « Ode », quasi dix ans après la naissance du groupe. Un groupe sans instrument harmonique où la voix s’intègre au discours des souffleurs, une formule que Tom Bourgeois dit inspirée par « Music for Small & Large Ensembles » de Kenny Wheeler. Il en résulte un discours très écrit, parfois avec des textes, qui touche à une musique contemporaine proche de l’influence scandinave. « The Mountain in My Backyard » ouvre l’album sur un texte de François Vaiana porté par les souffleurs, puis par une douce improvisation contrebasse-clarinette basse. « Omens », de Fil Caporali, inspirée par le Brésil, chante la sécheresse et la dureté d’un climat où on attend la pluie qui inspire un final enlevé et joyeux. « For Fil » propose une délicieuse partie centrale où la voix du contrebassiste est mise en avant, les souffleurs nous ramènent progressivement à la voix de Tsan Wen-Hui, mise en avant également sur « They Just Forgot » avec le seul accompagnement des souffleurs. « They Like That / They Don’t Like That » offre un beau terrain de jeu au trompettiste dans une partie plus « classique » d’une composition de Eric Dolphy. Après « Lili » unanimement encensé, c’est une autre facette du saxophoniste Tom Bourgeois qu’on découvre ici, dans une formule très ouverte, dont l’écoute est passionnante de bout en bout.

Jean-Pierre Goffin