WALTON, MONTRÉAL… YOLO !

WALTON, MONTRÉAL… YOLO !

Le jazz, autour du jazz, ici, là-bas, partout, on y consacre articles, entretiens, points de vue, coups de gueule, déclarations d’amour…

Régulièrement, Jazzaround allumera les projecteurs sur ces contributions pertinentes, significatives et/ou polémiques… bonne lecture !

Artistes et musiques… tout le monde dehors !

par Isabelle Dacheux – Présidente des Editeurs Indépendants Fédérés en Île de France in LE HUFFINGTON POST

Je ne sais pas combien de personnes ont regardé France 2 le soir de la fête de la musique, et d’ailleurs je m’en fiche !

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Ce que je sais en revanche,  c’est que la première fête de la musique post apocalyptique entièrement consacrée à toutes les musiques en direct et en live fut une véritable performance et a rencontré un succès sans précédent.
Yolo, comme disent maintenant les jeunes! (Traduisez “you only live once”, pour les autres !). Un très large public partout en France et à l’étranger (je l’ai lu) ainsi qu’à Paris (j’y étais) sont allés découvrir et écouter des d’artistes de tous bords venus à leur rencontre : des artistes amateurs s’emparant des trottoirs, des fanfares insolites occupant les parvis, des orchestres de musiques de chambre ouvrant les portes de leurs lieux insolites, des orchestres classiques partageant la scène pop, rap, ou variété d’un Olympia offert…

Cette année, plus que toutes les autres, les programmations étaient ambitieuses, exigeantes et variées, et le public très hétéroclite ne s’y est pas trompé. Fêter la musique à l’Olympia, avec Radio France et une quarantaine d’artistes pendant près de 20 heures, c’était faire le choix d’un rendez vous sans précédent, et une foule immense a patienté plusieurs heures depuis le café de la Paix jusqu’aux portes de la salle pour acquérir le précieux sésame. C’est ce même public qui fait vivre la musique, alors que la télévision est en train de la faire mourir.

Et c’est lui qui en redemande, alors que notre Ministère reste sourd aux appels des créateurs, des éditeurs et labels ou des disquaires, et que des pans entiers de la filière en crise commencent à disparaître. Un an après l’accession de la gauche au pouvoir, Steven Spielberg a chanté les louanges de l’exception culturelle française sauvée par toute une filière mobilisée, le Conseil Constitutionnel a validé la loi sur la rémunération de la copie privée, le rapport Lescure plébiscité par tous a proposé de redistribuer la cagnotte du cinéma… alors que 4 000 nouveaux créateurs et éditeurs sont devenus membres de la Sacem pour tenter de vivre de la musique et continuer à créer…

Le goût pour la musique sous sinistrose imposée par un an de coups de sabre dans le budget d’un Ministère en berne est donc intact, voire renforcé. La preuve s’il en fallait une qu’en temps de crise seule la culture adoucit le quotidien, et que la création aurait encore de belles heures devant elle si le choix de nos politiques allait dans ce sens. Madame la Ministre de la culture et de la communication, vous avez dit le 21 juin dernier lors de votre visite dans les locaux de la Sacem : “en période de crise, les gens ont plus que jamais besoin de la musique et de la Culture”.

Le rideau rouge n’est donc pas tiré, et nous comptons sur vous, maintenant, parce que le monde est habité par la musique et que la musique vivante est bien vivante. Yolo !

Le renouvellement du jazz est un défi perpétuel 

Cette déclaration est de Laurent Saulnier, directeur du festival de jazz de Montréal à l’occasion d’un entretien réalisé par Gilles Médioni pour L’EXPRESS

Laurent Saulnier 2013©Frédérique Ménard-Aubin

Le jazz est au cœur du festival. Mais pas seulement. Pour quelles raisons ?

On présente près de 800 concerts et j’ose affirmer que la grande majorité de ceux-ci relèvent du jazz. On ne propose pas que du jazz parce que nous avons la possibilité d’accueillir d’autres genres de musique, celles qui ont influencé le jazz ou sont influencées par lui.

Parlez-nous de la programmation 2013: vos défis, vos coups de cœur, vos regrets ?

Dans le jazz, le défi de renouvellement est perpétuel! Il nous faut créer année après année de nouvelles stars qui pourront ensuite, nous l’espérons, attirer de plus en plus de spectateurs! Ce qui est loin d’être évident. Mon plus grand regret vient de deux annulations: Aretha Franklin et Sharon Jones & The Dap-Kings. Sans elles, le Festival 2013 n’est pas ce qu’il aurait dû être. Parmi mes nombreux coups de cœur, je citerais la pianiste montréalaise Alexandra Streliski, les trois concerts de Vijay Iyer, Sienna Dahlen, Chassol, Rhye, etc.

Où en est le jazz français ? Le jazz francophone ? 

La facilité serait de répondre que le jazz n’a ni pays ni langue. Que c’est probablement la musique la plus universelle qui soit. Malheureusement, ce n’est pas encore le cas. Vu de Montréal, j’ai l’impression que le jazz français se porte plutôt bien. Cette année, nous recevons Laurent DeWilde, Thomas Enhco, Thierry Maillard, Laïka, Titi Robin, Nicolas Repac, Dom La Nena, sans parler de Woodkid, Chinese Man, Wax Tailor, Chassol et autres musiciens…

la suite sur L’EXPRESS

 

Sur la disparition de Cedar Walton

de Francis Marmande dans LE MONDE

Cedar Walton, pianiste et compositeur de jazz

Familier des scènes françaises, il avait encore jouée les 23 et 24 juillet au Duc des Lombards, à Paris, et s’était produit quelques jours plus tard au Festival de Foix (Ariège). Né à Dallas (Texas) le 17 janvier 1934, Cedar Anthony Walton Jr. s’est éteint le 19 août 2013 à son domicile de Brooklyn (New York).

CEDAR WALTON

Le sideman de Coltrane dans Giant Steps (1959), c’est lui ; le pianiste de l’orchestre de J.-J. Johnson, puis du Benny Golson-Art Farmer Jazztet, lui encore ; l’auteur de Ugetsu (1963), standard popularisé par les Jazz Messengers d’Art Blakey, lui toujours ; l’accompagnateur d’Abbey Lincoln (1961-1964) – il la rejoint en 1967 et enregistrera encore avec elle en 1973 –, lui encore ; lui, que l’on retrouve dans la section rythmique maison du label Blue Note (notamment avec le batteur Billy Higgins), comme il sera titulaire de la rythmique du label Prestige ; le fondateur du groupe Eastern Rebellion, où se succèdent les saxophonistes Hank Mobley, George Coleman, Clifford Jordan, Bob Berg ou Ralph Moore, lui toujours, Cedar Anthony Walton Jr.

INTERSECTION FRUCTUEUSE

Avis aux anthropologues du futur : au cas où ils auraient besoin d’un cas exemplaire de pianiste dont la formation, la carrière et les rencontres caractérisent le “jazz” de 1950 à 2000, Cedar Walton tombe à pic. L’anthropologue ne manquera pas de noter la rareté du prénom Cedar, c’est souvent le cas dans les familles afro-américaines. L’autonomie du prénom l’emporte sur le patronyme non choisi, ce nom d’esclave. On remarquera aussi que son nom est longtemps suivi de “Jr.”, sans plus de précision sur son prédécesseur.

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