Will Glaser : Music Of The Terrazoku
C’est d’abord un objet. Un objet particulier : un coffret en carton noir renfermant deux cassettes de couleur logées dans une mousse de protection, sur lequel est gravé, en lettres d’argent, ce titre énigmatique « Music Of The Terrazoku », suivi d’un sous-titre qui ne l’est pas moins : « ethnographic recordings from an imagined future ». Il faut l’ouvrir – mais également ouvrir la cassette – pour se rendre compte que la paternité de cet opus revient à Will Glaser. Nous vous avions présenté ce batteur/percussionniste anglais l’année dernière à l’occasion d’un disque réalisé avec un autre batteur (Jem Doulton) sous l’alias Pando Pando. Ce projet-ci est à la fois bien plus vaste dans sa portée et plus diversifié dans le contenu musical qu’il propose. Il réunit une dizaine de musiciens issus de milieux divers. Certains sont des collaborateurs de longue date tels Jem Doulton, Alex Bonney (trompettiste et ingénieur du son) ou James Allsopp (clarinette basse). D’autres se sont fait connaître ailleurs comme la chanteuse Lauren Kinsella (Kit Downes), la guitariste Tara Cunningham (Red Snapper, Modern Nature) ou la contrebassiste Ruth Goller (Rokia Traoré, Bojan Z).
Le terme Terrazoku a été inventé par Glaser. Il désigne un réseau de tribus imaginaires qui ont survécu à une catastrophe climatique et qui organisent leur survie en se fondant sur des principes d’harmonie avec la nature. Pour autant, le propos ne se réduit pas à sa dimension dystopique, il est également porteur d’espoir et de lumière, il se veut un acte de méditation. Le premier volet (première cassette, la bleue) est plutôt à dominante ambiante et acoustique. On y relève de beaux passages de cordes (violon, contrebasse et guitare). Le second (seconde cassette, la violette) fait la part belle aux percussions et à une rythmique nettement plus soutenue, voire invasive comme sur l’angoissant « There’s Shit In The River » où le vocaliste Ed Dudley (Sly & The Family Drone) profère un texte devenu méconnaissable du fait de son traitement électronique. Glaser explique qu’il a mis près de dix-huit mois pour mener à bien cet ambitieux projet. « Music Of The Terrazoku » est son premier album solo (un double donc), entièrement composé et produit par ses soins. Une véritable expérience sonore hors des sentiers battus.
