Zanzibar, Fiali in Chicago
Zanzibar, Fiali in Chicago
Le noyau de Zanzibar est constitué du pianiste Renaud Patigny et de l’harmoniciste Geneviève Dartevelle; envoutés par les rythmes lancinants de l’Afrique. Ils ont ouvert leur répertoire principalement consacré au boogie woogie – dont Renaud est l’un des meilleurs praticiens en Europe – aux racines africaines de ce style musical, en s’entourant d’un Burundais, Désiré Ntemere (chant et trombone) et d’un Guinéen (Conakry) Bayo Kankan (percussions et chant), enrichissant ainsi leur répertoire avec des thèmes écrits en collaboration avec eux, mais aussi d’autres auteurs, pour proposer un style qu’ils définissent comme étant de l’AfroBoogieBlues.
Geneviève Dartevelle est une des très rares harmonicistes européennes (et la seule, je crois en Belgique). Elle a beaucoup de talent, et joue aussi du didgeridoo (1); quant à Renaud Patigny, on l’entend ici non seulement au piano, mais aussi aux keyboards, au balafon (le xylophone africain), ainsi qu’au chant ! Il en résulte un album dédié au FLALI, un masque et un rythme associés à une danse traditionnelle de Côte d’Ivoire, mis en exergue dans le titre éponyme, musique syncopée en diable. On plonge dans le bain d’entrée de jeu avec Mutangire Neza où balafon, percus, voix et harmonica se renvoient la balle harmonieusement, comme sur d’autres titres. Et le métissage culturel se poursuit sur Mushakire Gose, Muraze Neza… Les rythmes africains-américains ne sont pas absents, comme sur ce Barrelhouse Stomp syncopé ou encore Catch The Mind et Semble Li Selment Toutsel. Berta Berta est un chant traditionnel aux accents de Prison song et Gene’s blues, un blues lent et mélancolique où Geneviève se donne à fond (la tonalité ne convient pas très bien au chanteur Désire Ntemere dont la voix flotte quelque peu). L’album se conclut avec un Noel à Bamako qui est un appel un peu naif à l’amitié entre les peuples. L’album tout entier transpire de joie et d’enthousiasme. Tous les musiciens brillent par leurs prouesses, en particulier Patigny, Dartevelle et Bayo .
(1) Geneviève Dartevelle : Le didgeridoo est un instrument ancestral utilisé par une catégorie des aborigènes du nord de l’Australie, lors de cérémonies et de rituels pour accompagner les chanteurs et les danseurs. Il s’agit d’une branche d’eucalyptus vidée en son centre par les termites. Aujourd’hui, on peut trouver des didgeridoos fabriqués à partir de diverses essences de bois ou d’autres matériaux tel que le pvc, le carbone…
Robert Sacre