Franco D’Andrea : Sketches of the 20th Century

Franco D’Andrea : Sketches of the 20th Century

Parco della Musica Records / Xango Music

Aujourd’hui âgé de 82 ans, le pianiste italien Franco d’Andrea ne cesse de nous surprendre. Lui qui est présent sur la scène jazz internationale depuis plus de 60 ans, que l’on peut entendre en leader ou sideman sur quelque 200 albums, continue à enregistrer des disques novateurs. C’est ainsi qu’en 2022, il a projeté deux œuvres aux sonorités complètement neuves : tout d’abord ce triple album en duo avec le musicien électronique DJ Rocca (« Franco D’Andrea Meets DJ Rocca » : chronique JazzMania) et maintenant ce surprenant enregistrement avec un big band, « Sketches of the 20th Century », où D’Andrea exprime son affection pour la musique du siècle passé, non seulement jazz, mais également classique (plus particulièrement la musique atonale et dodécaphonique). Et cela rend ce disque intrigant. Sur les treize compositions originales qu’il a écrites (et arrangées par le compositeur espagnol Eduardo Rojo), D’Andrea ne cache pas ses influences : Schönberg, Berg, Webern, Stravinsky, Ellington. Ce mélange jazz-classique est aussi présent dans la composition du big band : tout d’abord le Jazz Ensemble, soit huit musiciens jazz (parmi lesquels le saxophoniste ténor et soprano Tino Tracanna et le batteur Roberto Gatto), et ensuite le Parco della Musica Contemporanea Ensemble, soit huit musiciens venant du milieu classique (trois violons, un violoncelle, une flûte, un trombone, une clarinette basse et des percussions). Cette espèce de fusion des deux mondes musicaux est particulièrement déroutante avec des musiciens classiques interprétant leur partition de façon très académique et structurée, tandis que les jazzmen n’hésitent pas à improviser et à prendre des solos. Le résultat qui en ressort est une musique complexe, pas toujours compréhensible et qui risque d’être rejetée par de nombreux amateurs de jazz et de musique classique… Il y a donc un effort certain de concentration demandé à l’auditeur. Une fois cette démarche effectuée, on peut apprécier cette large variété de tonalités. Mais cela risque de rester intrigant…

Sergio Liberati