Soft Machine, Live at the Baked Potato
Groupe légendaire issu de la scène de Canterbury, groupe-phare de la vague underground psychédélique londonienne (avec Pink Floyd) dans les années 1967-1968, Soft Machine évolua ensuite vers une musique instrumentale fortement teintée de jazz (années 69-72) pour finalement produire des disques de fusion (très à la mode dans les années 70) de haute volée. Ce groupe connut en son sein des figures marquantes du mouvement psychédélique ou du jazz-rock britannique. Citons Daevid Allen, Kevin Ayers, Hugh Hopper, Mike Rattledge, Karl Jenkins, Allan Holdsworth, Elton Dean ou encore Robert Wyatt. Soft Machine mit un terme à son activité en 1984, laissant le soin à de nombreuses formations (Soft Heap, Soft Mountain, Soft Ware,…) formées par d’anciens membres du groupe de continuer à en perpétuer la mémoire. Soft Works (actif de 2002 à 2004), formé par 4 anciens membres, produisit une musique proche de ce qu’était Soft Machine dans les années 70 et 80. Lorsque en 2004, le guitariste Allan Holdsworth quitta le groupe pour être remplacé par John Etheridge (autre ex), le groupe prit le nom, plus suggestif, de Soft Machine Legacy pour finalement reprendre, logiquement, le nom de Soft Machine en 2015.
Ce préambule pour expliquer que les 4 membres actuels (le guitariste John Etheridge, 72 ans, le batteur John Marshall, 79 ans, le bassiste Roy Babbington, 80 ans et le petit jeune du groupe qui remplaça Elton Dean à son décès en 2006, le saxophoniste-flûtiste-claviériste Theo Travis, seulement 56 ans…) ont décidé de fêter les 50 ans du groupe par une importante tournée initiée à l’été 2018 pour se terminer à l’automne 2019. Ce disque (« Live at the Baked Potato ») en est un splendide témoignage. Enregistré en février 2019 dans un petit club (The Baked Potato) de Los Angeles, il propose un mix d’anciens morceaux de la grande époque (69-76) et de nouvelles compositions apparues sur l’excellent album studio « Hidden details » sorti en 2018. Ce qui est ici passionnant, ce sont les traitements nouveaux réservés aux morceaux anciens (Out-bloody-rageous, Hazard Profile Pt 1, Kings and Queens ou encore The Tale of Taliesin), avec d’énergiques et inspirées improvisations à la guitare ou au saxophone. Les morceaux plus récents sont d’un niveau tout aussi élevé. Tout aussi remarquable est l’enthousiasme quasi juvénile que mettent ces musiciens (à un âge où d’autres sont pensionnés depuis bien longtemps) pour honorer la musique de ce grand groupe (comme je pus le remarquer lors de concerts donnés dans nos contrées, à Aix-la-Chapelle ou Tilburg). Un grand disque. Un bel hommage.
Sergio Liberati