Shang Ziming quartet (feat. Christophe Monniot), Bridge of Soul

Shang Ziming quartet (feat. Christophe Monniot), Bridge of Soul

Tom Tom Records

Ce « Bridge of Soul » rassemble un Chinois, deux Hongrois et un Français. Le batteur chinois Shang Ziming avait déjà croisé ses deux complices hongrois, le pianiste Dezsö Oláh et le contrebassiste Péter Oláh, au sein d’un autre quartet, avec le guitariste Attila Rieger. Les frères Oláh avaient en fait rencontré Ziming lors d’une tournée en Chine, avec le batteur Balázs Bagyi. Un périple qui s’est conclu par l’album « China Jazz Suite » avec le trompettiste chinois Li Xiaochuan et le saxophoniste Soso Lakatos. Diplômé du Kiroly Music Conservatory, Dezsö Oláh a joué avec Tony Lakatos (ts) et le saxophoniste alto Zbigniew Namyslowsky (l’une des révélations de Comblain dans les années ’60). En compagnie de son frère, il a formé un trio avec le batteur András Lakatos Pecek, trio qui a notamment croisé le Budapest Wind Quintet (fl, cl, hautbois, basson et cor).

Le plus connu du quartet Bridge of soul n’est autre que Christophe Monniot, un saxophoniste que le public belge a pu découvrir, au sein de Tous Dehors (Gaume, Jazz à Liège), avec le MegaOctet d’Andy Emler (Gaume), en quartet avec Joachim Kühn (Jazz!Brugge) et dans son projet Vivaldi Saison 5 (avec Michel Massot et un quatuor de saxophonistes classiques entendus au Jazz!Brugge). Dernièrement, on l’a entendu en duo avec l’accordéoniste Didier Ithursarry pour l’album « Hymne à l’amour ». Il a aussi enregistré plusieurs fois en Hongrie, avec Miklós Lukacs, le maître du cymbalum, et avec le guitariste Gabor Gado. Au répertoire  de cet album publié par Tom Tom Records, l’autre grand label hongrois avec BMC, 5 compositions du pianiste et ce « Bridge of Soul » du batteur. D’un bout à l’autre, Christophe Monniot illumine les compositions de son alto volubile et véloce, sur un tempo endiablé (« Night in Budapest », « Invisible Door »), comme sur des mélodies plus apaisées (« Bridge of Soul »), toujours avec une maîtrise parfaite du rythme, comme sur « Dream Theater » dont le tempo s’accélère au fur et à mesure pour déboucher sur une valse survoltée. Son sopranino est incisif et virevoltant, que ce soit sur un rythme vif (« -30°C ») ou dans une ballade (« Eraser »). Galvanisé par le drive vigoureux de Ziming, Dezsó Oláh prend de belles envolées au piano, notamment lors de virevoltantes intros (« Invisible Door », Dream Theater) ou sur un registre plus calme, en parfait accord avec la contrebasse solide de Peter Oláh et la frappe nerveuse de Ziming. Une rencontre parfaitement aboutie, comme le déclare Monniot sur la pochette: “C’est pour moi une surprise, un honneur et une grande joie d’avoir participé à ce beau disque, pont improbable entre nos âmes chinoises, tziganes, orientales et occidentales. J’ai pu y découvrir des musiciens extraordinaires, ainsi que des êtres humains merveilleux ». Le résultat est un jazz moderne, avec du blues de l’Est dedans, nourri de la quintessence de ces âmes et résolument vivant.

Claude Loxhay