Alban Darche : Le Gros Cube #2
Le saxophoniste Alban Darche a poursuivi des études classiques au Conservatoire de Nantes puis jazz au Conservatoire de Paris. Véritable boulimique au niveau des projets musicaux, il a multiplié les formations et fondé son propre label Yolk. Début des années 2000, il crée Le Cube, trio ou quartet auxquels participent déjà le contrebassiste Sébastien Boisseau et le batteur Christophe Lavergne. Il crée dans la foulée Le Gros Cube, orchestre de 14 musiciens dont le premier disque, « La Martipontine », avec Laurent Blondiau à la trompette, sera suivi par trois autres : « Polar Mood », « Le Pax » puis « Queen Bishop » avec différents invités. Il a aussi formé l’Orphicube (album « Atomic Flonflons »), Stringed avec un quatuor à cordes, puis Longboard avec Matthieu Donarier (sax) et Meivelyan Jacquot (g et dm). Voici un nouveau projet Le Gros Cube #2, un big band à l’américaine, soit cinq saxophones, quatre trompettes, trois trombones, un tuba, piano, guitare, contrebasse et batterie : « un format américain pour aller du familier au déroutant » (A. Darche). Dix compositions originales, enregistrées dans des conditions « live ». A côté de ses complices habituels, soit Matthieu Donarier (ts, cl, bcl), Jean-Louis Pommier (tb), Geoffroy Tamisier (tp), Olivier Laisney (tp), Sébastien Boisseau (cb) et Christophe Lavergne (dm), se joignent Rémi Sciuto (bs, fl), Joël Chausse (tp), Matthias Guilbaut (tuba) et Gilles Coronado (g), ainsi qu’une série d’invités hors hexagone. D’abord, trois Américains à la longue expérience : le saxophoniste alto Jon Irabagon (qui a joué avec Tom Harrell, Ralph Alessi, Dave Douglas), l’alto Loren Stillman (Liberation Music Orchestra de Charlie Haden, Joe Lovano, Paul Motian) et le trombone John Fedchock (Woody Herman, Gerry Mulligan, New York Big Band). A la trompette, notre compatriote Jean-Paul Estiévenart et deux Suisses : la pianiste Marie Krüttli et le tromboniste Samuel Blaser, avec qui Alban Darche a déjà collaboré, au sein de Jass, pour l’album « Mix of Sun and Clouds », puis pour « Pacific », avec Jozef Dumoulin. Comme le dit Darche lors d’une interview : « Ce qui m’intéresse, c’est passer du familier au déroutant, offrir du déroutant qui sonne classique, proposer des couleurs très personnelles dans un paysage familier ». Darche opère par contrastes. Ainsi, « A la bougie » débute par un duo survolté entre lui-même et Jon Irabagon, avant que se propulse la masse sonore de l’orchestre. « Ping-Pong » s’articule autour d’un chassé-croisé entre un piano au motif répétitif et l’orchestre, avec solos de Stillman, Lavergne, Darche et Donarier. « Arcane XV-Le Diable » oppose le saxophone ténor de Donarier à un orchestre dominé par les trompettes bouchées de Tamisier et Laisney. « Le mort joyeux » permet à Marie Krüttli de prendre un beau solo d’intro avant l’explosion de l’orchestre. « Beauty and Sadness » met en évidence la guitare électrique très rock de Coronado et la contrebasse acoustique de Boisseau. « Le Chemin vertueux » débute par un solo de ténor (Darche) en opposition avec le big band et un vertigineux trio de trombones. Le Gros Cube repose sur une masse sonore très dense, très construite et sur l’originalité et la personnalité de ses solistes : « Je continue à avoir une écriture personnelle mais dans un cadre historique. Et avec un enracinement dans ce qui fait la spécificité du big band. » (A. Darche).
Claude Loxhay