Chevallier, Blondiau, Boisseau & Lavergne : Curiosity
David Chevallier raconte que c’est à 12 ans qu’un ami guitariste lui a fait découvrir Ralph Towner, John Abercrombie, Pat Metheny, Egberto Gismonti et Mick Goodrick… sa voie était tracée. En Belgique, on le connaît surtout au travers du trio de Laurent Dehors (Lion s’envoile) et de Tous Dehors (Gaume, Jazz à Liège). Il ne faut pas non plus oublier qu’il est un membre régulier du Jazz Ensemble de Patrice Caratini, une des formations les plus en vue du paysage français. Il a aussi côtoyé Kenny Wheeler lors d’une commande de l’ONJ de François Jeanneau et il a formé un duo avec Valentin Ceccaldi, puis créé Pyromanes avec Michel Massot et Yves Robert. Très ancré dans sa passion pour le jazz, Chevalier a aussi une passion pour le baroque (Gesualdo Variations) et une attirance pour l’univers pop (« Is that Pop Music ? » avec David Linx). Il a aussi formé un trio avec le contrebassiste Sébastien Boisseau et le batteur Christophe Lavergne avec qui il a enregistré « Standards et avatars » et « Second life ».
Ici, il a voulu s’ouvrir à une quatrième voix : une trompette et il a choisi Laurent Blondiau. Un choix judicieux, Laurent est un des trompettistes les plus créatifs de la scène européenne : technique, travail de la sonorité, créativité, inventivité dans le recours aux sourdines, notamment des objets hors normes, gobelet cabossé, minuscule arrosoir avec effet wah-wah. Il allie « lyrisme et grande liberté dans la pratique de l’improvisation » (D. Chevallier). Ce qui a aussi convaincu Andy Emler pour son MegaOctet et Alban Darche pour son Gros Cube. La rythmique impeccable est formée, d’une part, du contrebassiste Sébastien Boisseau, compagnon de route de Daniel Humair (« Ear Mix »), Alban Darche, Matthieu Donarier, Sylvain Rifflet ou l’Orchestra Nazionale della Luna avec Manu Hermia. D’autre part, le batteur Christophe Lavergne qu’on a pu découvrir dans le Gros Cube, Thôt avec Guillaume Orti ou en compagnie de Sylvain Cathala.
Au répertoire de Curiosity, huit compositions originales de Chevallier et ce « A While More » inspiré d’Henry Purcell. La musique fuse tout au long de l’album : trompette vrombissante (« Long Time no See », « Double Gnu Wan », « Hungry Birds »), avec parfois une sonorité plus sourde (« Time Is Running) et recours varié à des sourdines (« Don’t Look Back », « A While More ») avec parfois effets wah-wah. La guitare est souvent en avant (« Don’t Look Back »), parfois en dialogue avec la contrebasse (« Double Gnu Wan », « Hungry Birds »), elle peut aussi prendre des sonorités très électriques (« Don’t Look Back ») ou quasi acoustiques (« A While More »). Contrebasse et batterie sont parties prenantes de ce « Huis clos » (4e plage), toujours en interactivité avec guitare et trompette. Au total, une heure de musique intense et d’échanges empathiques.