Ana Popovic : Power
ArtisteXclusive Records / Socadisc
Ana Popovic est une battante qui a dû mobiliser sa forte détermination et tout son courage, car elle n’a pas été épargnée par les coups du sort : à l’automne 2020, en pleine crise Covid, on lui a diagnostiqué un cancer du sein, c’était d’autant plus traumatisant que sa mère était morte de cette maladie 3 ans auparavant. C’est Buthtel, son bassiste, directeur musical et ami qui lui a apporté le soutien et les encouragements dont elle avait besoin pour tenir le coup : ne pas se décourager et, au contraire, rebondir et se mettre au travail pour écrire ce nouvel album, malgré la fatigue associée à la chimiothérapie, aux vols aller-retour entre Los Angeles et Amsterdam (où elle a reçu ses traitements) et aux tournées et concerts qu’elle a continué à prester. Entre ces épisodes, Buthel et elle se sont connectés sur Zoom, échangeant avis, idées et démos, construisant les morceaux au fur et à mesure. Ana est persuadée que ce soutien indéfectible de Buthel, la musique et sa Fender Stratocaster de 1964 lui ont sauvé la vie. D’où ce symbole fort en photo de pochette : une main noire et une main blanche qui s’entrelacent et donnent ce sentiment de puissance, style « l’union fait la force », illustré dans la ballade « Luv’n Touch », dans du blues rock comme « Power Over Me » et un « Doin’ This » survolté (…I get power doin’ this…). Sur le plan musical, c’est un travail colossal qui a été accompli, avec un nombre impressionnant de partenaires pour soutenir Popovic (chant et guitares) et Buthel (basse, chant) : une section cuivres étoffée, orgues Hammond, choristes, etc… des musiciens de premier plan de Detroit, Dallas et New Orleans, la liste est trop longue pour les citer tous. Plus d’un des onze titres est en rapport avec les épreuves traversées, comme « Rise Up » (de Kenny Wayne Shepherd), une injonction que Miss Popovic s’est assurément souvent adressée pour sortir du marasme ambiant, même si le thème du morceau est l’inclusivité des minorités et l’unité de tous face à l’injustice et à l’adversité. Elle assume aussi son rôle de leader incontesté de son groupe – on l’y surnomme d’ailleurs « The Boss Lady » – dans un « Queen of the Pack » explicite et enlevé. Ana passe allégrement du blues-rock à un jazz doux et sensuel, de la soul à un R&B tantôt vibrant, limite hystérique, dans « Flick’n Flame », tantôt vitaminé et puissant avec « Strong Taste », « Deep Down (in Your Soul) », « Ride It », ou encore un très personnel « Turn My Luck ».