River Into Lake : la pataugeoire de Boris
River Into Lake est un groupe belge d’indie synthé pop rock qui ne se refuse pas quelques sonorités bien noisy, bruitistes, dès qu’un espace s’y prête. Mais il est surtout le projet d’un seul musicien à savoir Boris Gronemberger, compositeur, batteur et guitariste entre autres.
Un véritable touche-à-tout qui vient de publier son second album « Rise And Shine ». Il fait suite à « Let The Beast Out » et entre les deux disques, un EP « The Crossing » a été publié. Tout cela sur le passionnant label bruxellois Humpty Dumpty Records (Monolithe Noir, YOKAI, Unik Ubik, Paradoxant – rien que du bon !). Quant à Boris, depuis une vingtaine d’années, on l’a vu un peu partout, dans de nombreuses et diverses formations dans des petits clubs, dans des salles plus grandes et il a même fait la première partie de la tournée européenne d’Agnes Obel ! Petit débriefing de notre entretien.
Peux-tu nous dire quelques mots sur ton passage au sein des Girls In Hawaï ?
Boris Gronemberger : C’était une belle expérience qui a duré quatre ans et demi. Un superbe moment dans ma carrière. Puis j’ai ressenti le besoin de refaire « mes choses » et j’ai décidé de quitter le groupe parce que cela ne me laissait plus beaucoup de possibilités pour développer mes projets.
A cette époque tu avais toujours ton propre groupe V.O….
B.G. : Oui, j’avais sorti trois albums sous ce nom et le premier de River Into Lake allait sortir.
Et pourquoi est-ce que V.O. est devenu River Into Lake ?
B.G. : C’est une histoire un peu bête. J’ai dû me plier aux moteurs de recherches parce que malheureusement le nom de V.O. était très compliqué à trouver sur internet. Le projet était connu à Bruxelles et en Wallonie, mais je commençais aussi à tourner à l’étranger, donc il fallait m’adapter en changeant de nom.
«Mon style est venu naturellement, il découle de mes goûts musicaux, de ce que j’écoute et de ce que j’ai écouté.»
Et le nom de River Into Lake d’où vient-il ?
B.G. : C’est le nom d’un album du groupe Raymondo. Un autre projet, un quatuor dans lequel j’ai joué. C’est en fait le nom du deuxième album qui était sorti en 2006.
River Into Lake c’est une musique intemporelle. Est-elle pensée ou est-elle venue naturellement ?
B.G. : Mon style m’est venu naturellement. Il découle de mes goûts musicaux, de tout ce que j’écoute ou de ce que j’ai écouté.
Dans ta musique, il y a comme une opposition de genres entre le côté synthé-pop, noise et ton jeu de batterie parfois jazzy…
B.G. : Tout cela résulte de mes envies. J’ai d’abord appris à jouer de la guitare en suivant des cours, mais je n’ai jamais pris de cours de batterie ! Et on me connaît surtout comme batteur, même si parfois je joue de la guitare sur scène (sur le net, il y a un concert où le groupe interprète l’EP « The Crossing » et Boris joue de la guitare, des claviers et chante – NDLR). C’est une chose que je regrette, de ne pas l’avoir étudiée, d’autant plus que j’aimais bien le jazz, notamment celui de Miles Davis. Et le côté synthé–pop me vient en partie du passé. Notamment des deux derniers albums de Talk Talk. Mais j’aime aussi des groupes comme Grizzly Bear.
Tu as mis trois ans pour réaliser cet album entre Ardennes et Bruxelles, mais il y a une belle unité de sons…
B.G. : Ce sont juste des opportunités. Avec ma famille je me suis installé dans une roulotte qu’on nous a prêtée dans les Ardennes et des amis dans le Brabant wallon ont mis une maison à notre disposition. Mais l’endroit finalement a peu d’importance dans ma façon de créer de la musique. J’y ai chaque fois concrétisé quelques chansons et j’ai pratiquement fait tout, tout seul.
«J’aime beaucoup Sonic Youth. Le côté bruitiste doit provenir de là.»
Souvent il y a un côté calme, doux et derrière surgissent des sons plus noisy, voire un peu bruitiste comme dans « EDMR ».
B.G. : Tout à fait, c’est un peu ma marque de fabrique. Et j’ai beaucoup écouté et aimé Sonic Youth. Le côté bruitiste doit venir de là !
Parfois, en plus de la batterie, il y a des programmations rythmiques…
B.G. : Oui, je prépare ces programmations indépendamment puis je les incorpore dans la composition et je joue dessus par la suite.
Des musiciens t’accompagnent sur le disque…
B.G. : Oui, Cedric Castus (du groupe du même nom) a rajouté de la guitare sur quatre titres, Ludovic Bouteligier (Major Deluxe, Le Yeti) joue de la trompette et du bugle et fait les backing vocaux. Il y a aussi Aurèlie Muller (de Blondy Brownie) qui joue de la clarinette et fait quelques voix. Pour les concerts, nous sommes cinq.
J’aime le côté épuré de « Let me watch tv » et ta voix, sur ce titre, comme sur « Be Confident » m’a un peu évoqué Robert Wyatt…
B.G. : C’est le genre d’artiste que j’apprécie énormément et je pense, comme beaucoup de monde, qu’on le respecte beaucoup, mais qu’on ne l’écoute certainement pas assez ! Mais il y a tellement de bonnes musiques disponibles.
J’ai remarqué que les chansons ont souvent la même longueur, c’est voulu ?
B.G. : (Un petit silence) Ah bon, non je ne l’avais pas remarqué, ce n’est pas intentionnel. C’est juste un hasard.
Quelle sera ta prochaine publication ?
B.G. : Il y aura un clip qui sortira le 9 octobre pour le morceau « Don’t Drive Into The Tree ». Ce sera le troisième de cet album.
Tu as sorti deux LP et un EP avec River Into Lake et ils sont disponibles ensemble en édition limitée…
B.G. : Oui, c’est une initiative de notre tourneur allemand, Jonas Wolter de Teleskopmusik, qui est vraiment quelqu’un qui s’occupe beaucoup de nous. C’est une édition limitée à 50 exemplaires, vendue au prix de 45 euros.
Peux-tu nous dire quelques mots sur « Tarot », ce court métrage musical de 9’34’’ ?
B.G. : C’était une demande de la réalisatrice Alice Khol qui est aussi la responsable des photographies de « Rise & Fall ». Elle m’a demandé de composer la musique de ce film essentiellement voué à la danse chorégraphiée et finalement il y a 5 extraits de ce court métrage qui sont devenus des morceaux de l’album. Notamment « Never Surrender »
Tu composes depuis longtemps pour le théâtre, des projets dans ce domaine ?
B.G. : Oui et là je viens de composer la musique de la pièce en création « L’Empreinte » pour la Compagnie Point Zéro. La pièce sera jouée début 2025 au théâtre Jean Vilar à Louvain La Neuve. Avant certainement de parcourir le monde comme avec leurs productions précédentes.
Tu continues de jouer dans d’autres formations, notamment avec les deux filles de Blondy Brownie…
B.G. : Tout à fait, mais je les connais depuis tellement longtemps ! Tu te souviens de Melon Galia ? Aurèlie Muller en faisait partie. Et la deuxième musicienne c’est Catherine De Biasio, la sœur jumelle de Melanie !
J’ai vu plusieurs fois et bien apprécié l’excellent Castus, un autre de tes groupes. Que devient-il ?
B.G. : Le trio existe toujours et le troisième album est sorti au début de cette année. Malheureusement, il n’a pas trouvé sa place.
Dommage que nous ne l’ayons pas reçu, je me serais fait un plaisir de vous en parler. En attendant, espérons une meilleure couverture pour cet excellent, original et intemporel « Rise And Shine ».
River into Lake
Rise and Shine
Humpty Dumpty