Michel Debrulle, le bestiaire…

Michel Debrulle, le bestiaire…

MichelDebrulle :

sur les traces du Lion, de l’Éléphant… du Scampi.

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Un double événement à ne pas manquer : la musique du nouvel album de Rêve d’Eléphant Orchestra, « Odyssée 14 » sur le label WERF et l’ouvrage pluriel financé par Présence et Action Culturelle, consacré au Collectif du Lion : « Sur la piste du Collectif du Lion : une aventure plus que musicale » Deux rendez-vous “scènes” aussi : l’un à Liège le 13 juin à la salle Reflektor, l’autre à Bruxelles, au Théâtre Marni, le 19 septembre, en collaboration avec Ars Musica. Pour l’occasion, Michel Debrulle, cheville ouvrière du collectif se raconte.

Propos recueillis par Claude Loxhay

 

Un chemin vers la musique…

Dans ma famille, il n’y avait pas de musicien. Ma mère avait une fibre musicale mais ne l’a pas développée. Elle jouait un peu de piano à la maison. Mais ma famille, tant du côté de mon père que de ma mère, est originaire de Binche. Le folklore local a toujours été quelque chose de présent à la maison. Enfant, j’ai été gille à l’insu de mes parents : ma grand-mère avait tout fait en cachette de mes parents. Le rapport au tambour comme à la danse vient de là. Après, je me suis retrouvé à l’internat pendant six ans, j’avais un ami qui travaillait à la médiathèque, comme job étudiant, et, chaque semaine, il me rapportait une quinzaine de disques à écouter : Frank Zappa, les Pink Floyd… On avait décidé de former un groupe, lui à la batterie, moi aux congas. A la fin de mes humanités, je vais à Leuven, en candidature de sciences économiques et sociales. Très vite, j’ai travaillé à la Commission culturelle qui avait un bar incroyable et je me suis retrouvé à programmer des concerts. J’avais toujours envie de former un groupe, j’ai alors réalisé que je ne voulais pas organiser des concerts mais être sur la scène. J’ai annoncé à mon père que j’arrêtais mes études, il m’a coupé les vivres. Je suis parti à Liège, au Conservatoire, parce que j’en avais entendu parler. Avant même que ne s’ouvrent les Séminaires, je suis allé chez Johnny Peret, le professeur de Bruno Castellucci. Il m’a assuré qu’il donnait des cours de congas, ce qui était faux. Après deux ou trois cours, il m’a suggéré de passer à la batterie, ce que j’ai fait.

Rêve d’Eléphant et la danse…

J’ai toujours été attiré par la danse : petit gille de Binche, j’ai toujours dansé. Quand il y a eu la possibilité pour moi de donner cours à P.A.R.T.S. (les studios de Rosas, la compagnie d’Anne Teresa De Keersmaeker), ça a été un vrai cadeau. J’ai pris la succession de Fernand Schirren. Depuis 14-15 ans, je suis en relation avec la danse contemporaine. Grâce à P.A.R.T.S., j’ai rencontré Thomas Hauert, David Hernandez, Maria Clara Villa Lobos. Avec Trio Bravo, on avait déjà eu des projets chorégraphiques avec Randy Warshaw et Nadine Ganase. Avec Rêve d’Eléphant, il y a eu  le premier projet aux Brasseurs (galerie d’Art Contemporain à Liège), puis Lobster Caravan avec Thomas Hauert. J’ai toujours eu ce besoin d’associer musique et danse. Dans le nouveau projet de David Hernandez, Hullabaloo, non seulement j’ai fait la musique, enregistrée et live, mais j’ai même un petit moment où je peux danser. Composer et danser à la fois, c’est un cadeau. David m’avait vu danser avec mes élèves lors de mes ateliers de rythme. Après la chorégraphie des Brasseurs, Michel Massot (trombone, tuba) et moi, nous avions envie de fonder une nouvelle formation à côté de Trio Grande. Au sein du Collectif, on a toujours choisi les musiciens par affinité humaine plutôt qu’instrumentale. J’avais un trio de percussions, on était resté en contact avec Pierre Bernard (flûte), et Michel, avant même de rejoindre Mâäk Spirit, avait croisé Laurent Blondiau (trompette, bugle) pour le projet Variations on Love Supreme de Fabrizio Cassol (saxophone) et Kris Defoort (piano). La trompette est un instrument qui me plaît aussi : j’aime Don Cherry et Lester Bowie. Laurent a tout de suite été intéressé, il a joué sur le premier disque et on vient de le retrouver pour certains concerts.

La juxtaposition trompette-flûte-trombone/tuba, au niveau du registre, n’est pas évidente : beaucoup de graves, pas de medium. Christine Verschoren nous aide beaucoup pour combler cet aspect dans les mixages. A la guitare, Jean-Yves Evrard était un vrai électron libre : il faut lui laisser faire ce qu’il a envie de faire. Maintenant, la nouvelle équipe, c’est Jean-Paul Estiévenart à la trompette et, à la guitare, Nicolas Dechêne qui est un mélange de beaucoup de choses intéressantes pour le groupe : il a une formation classique, il joue excessivement bien de la guitare acoustique, il a un très beau son mais il maîtrise aussi très bien toute l’électrification, au niveau du volume, des pédales. Il est très souple. Pour le nouveau répertoire, Odyssée 14, on peut lui proposer beaucoup de palettes : il peut jouer des mélodies. Jean-Paul Estiévenart, au départ, c’est l’univers jazz à fond, mais il peut expérimenter de nouveaux registres. Au sein du Collectif, on a toujours mélangé les générations : les jeunes expérimentent et les plus âgés se remettent en question. Odyssée 14 est, au départ, une proposition d’Ars Musica. Dans Pourquoi pas un scampi, il y a une adaptation proposée par Stephan Pougin (percussions) de O cieco mondo de Jacopo da Bologna, compositeur du XIVe siècle. Ars Musica nous a proposé de faire une création à partir de cette musique du XIVe siècle. Le projet ne nous convenait pas : on n’avait pas l’instrumentation pour cela, la musique n’était pas très rythmique or on a trois percussionnistes. On a alors décidé d’ouvrir le répertoire du XIVe au XXIe, en intégrant de la voix, du texte. Tarquin Billiet, à l’initiative du projet, quitte Ars Musica mais comme on était loin dans la démarche, on continue. On a proposé à Thierry Devillers et à David Hernandez d’être les deux chanteurs et à David de danser également. On a travaillé dans cette optique avec beaucoup de « follias ». Pierre Bernard travaille sur Stravinsky, Le sacre du printemps, moi sur Messiaen. Michel Massot apporte de la musique baroque et Thierry Devillers des textes, des chansons. On crée le projet au festival Connexions Urbaines, grâce à la Province de Liège, De Werf va l’enregistrer et Ars Musica revient dans le circuit : après Liège en juin, la sortie du disque se fera à Bruxelles, à l’invitation du théâtre Marni, en collaboration avec Ars Musica. Une manière de toucher des publics divers.

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Pour connaître la suite, rendez-vous « Sur la piste du Collectif du Lion » : le Conservatoire de Liège et Henri Pousseur, l’IACP d’Alan Silva à Paris, la classe d’improvisation de Garrett List, Le Lion s’envoile, les bourses à Woodstock et à Madras, Baklava et la rencontre avec Michel Massot, le quartet Collectif du Lion, Trio Bravo avec Fabrizio Cassol, la création de l’ASBL, Glasnotes et la rencontre de Thierry Devillers, La Grande Formation avec Garrett List, Tout est joli, Trio Grande et la rencontre avec Laurent Dehors, Bathyscaphe… jusqu’à ce Rêve d’Eléphant…

Concerts de lancement :

13 juin, Liège @Reflektor

19 septembre, Bruxelles @Théâtre Marni