
Antoine Brochot : Because It’s Only Right
Deuxième album à part entière de ce quartette franco-suisse autour du contrebassiste Antoine Brochot, qui s’entoure cette fois-ci du saxophoniste ténor Baptiste Horcholle, du pianiste Matthieu Trovato et du batteur Oscar Georges. Avec son premier album « Fundamentum » (2022), Antoine Brochot a attiré l’attention de la presse française et suisse. Il remporte ensuite le premier prix de composition aux Trophées du Sunside (Paris). Pour « Because It’s Only Right », il a choisi trois autres accompagnateurs. Il a lui-même écrit toutes les compositions. Le contrebassiste aime manifestement mettre les points sur les « i », tant au niveau musical que sur le contenu. Le titre du CD est une déclaration sans détours et constitue d’emblée le morceau d’ouverture. Le saxophoniste Baptiste Horcholle introduit en premier la couleur principale, mais progressivement, le pianiste obtient peu à peu de l’espace. Finalement, les quatre musiciens déterminent la direction que prend l’ensemble, celle d’un jazz moderne, nerveux avec des points d’ancrage dans la tradition. À peu près au milieu de la chanson, ils insèrent soudain un point de rupture comme si tout le monde disparaissait dans les coulisses. Il y a encore plus d’engagement par la suite avec un titre comme « La Vierge Rouge (Vive La Commune !) », une référence à Louise Michel qui était une figure clé de la Commune de Paris de 1871. C’est le guitariste invité Romain Pilon qui vole la vedette ici. Mélodiquement maitrisé, mais avec les accroches nécessaires et une fin abrupte. « July Seventh » est la date à laquelle la gauche a remporté la victoire sur la droite lors des élections française de 2024. Au début, on a l’impression d’un havre de paix, mais très vite, le groupe intensifie le tout et nous entendons une fois de plus un jazz de club intense qui fusionne passé et présent. Romain Pilon prouve une fois de plus qu’il fait partie des meilleurs guitaristes de sa génération. La semi-ballade « Figuier Sauvage » est quant à elle dédiée à l’activiste iranienne Narges Mohammadi. « Letter To A World In Collapse » glisse initialement lentement, puis évolue vers un idiome légèrement plus rythmé qui s’apaise peu à peu. « Jean-Pierre Timbaud St. » fait référence à une rue de Paris avec de nombreux bars où Antoine Brochot a achevé cette chanson. S’ensuit un échange très intense entre les quatre musiciens avec, une fois de plus, des changements de tempo astucieusement insérés. Ce mouvement de vagues est une valeur sûre, car cette tactique apparaît également dans « One More Step ». Une façon pratique de maintenir l’attention par une dynamique changeante. Le légèrement funky « Tune Out » est basé sur la même structure. Il y a aussi la contribution de la saxophoniste alto Léa Ciechelski, que Brochot a fait venir parce que son style est greffé sur celui d’Eric Dolphy et forme ainsi un contraste avec le son d’Horcholle. Le rappeur suisse Jay Jules contribue également à la diversité de l’album. L’enregistrement a eu lieu au célèbre studio La Buissonne en France. Lors de la présentation du CD dans le nouveau club de jazz Bruxellois « Toots », nous avons entendu un quartette au jeu serré qui a magnifié le potentiel du CD, avec ses versions de « One More Step » et « Tune Out » comme des succès absolus. La contribution du saxophoniste Horcholle a été particulièrement remarquée. A suivre.
Une collaboration Jazz’halo / JazzMania