Bakithi Kumalo : What You Hear Is What You See
La soixantaine largement entamée, Bakithi Kumalo se réveille heureux, chaque matin de sa vie. Lui qui est né à Soweto et qui, très tôt, a jeté son dévolu sur la basse qu’il pratique d’abord dans l’orchestre de son oncle, puis comme musicien de session. Il a trente ans quand un producteur le renseigne à l’entourage de Paul Simon qui cherche à ce moment-là des musiciens locaux pour enregistrer « Graceland », un album mythique, précurseur de la « world music ». Enregistrement, puis tournées mondiales… La machine peut s’emballer ! Si cet événement figure toujours – trente-cinq ans après les faits – en première ligne de sa biographie, on n’oubliera pas non plus de mentionner que Bakithi Kumalo est aussi l’auteur d’une petite poignée d’albums enregistrés à son compte, entre les sessions et les tournées mondiales qu’il concède volontiers à Joan Baez, Herbie Hancock, le Grateful Dead (!), Laurie Anderson, Angélique Kidjo et tant d’autres.
Avec ce nouvel album, le bassiste sud-africain a souhaité fusionner les musiques qu’il joue pour les autres depuis tout ce temps. On entend bien sûr les influences africaines (« Zuzuland Nation », « Happy Village », …), mais aussi les références aux musiques populaires américaines : du jazz baigné de hip-hop (« Desert Walk »), un groove cool qui peut aussi nous rappeler le concept « Gare du Nord », avec des titres comme « Electric Flow » ou la plage titulaire enflammée par la chanteuse ougandaise Tshila. Bien entendu, il s’agit d’un disque de bassiste, avec tout ce que cela sous-entend… Mais toujours servi avec élégance et sans failles. Pour clôturer, cédons-lui la parole : « Ce disque est une célébration de la vie, de l’amour, de la famille et de la culture. »