
Building Instrument : Manen, Armadillo
Ainsi, la beauté répondrait à certains critères précis. Du moins, c’est ce que l’on tenterait de nous faire croire. Prenez par exemple un corps humain : il ne serait « beau » qu’en étant jeune, ferme, musclé. Autre exemple : en photo, un coucher de soleil qui se reflète dans l’Océan serait susceptible d’allumer votre enthousiasme… Que nenni, hein ! La musique n’échappe pas à cette triste règle qui voudrait qu’en dehors des codes préétablis, non négociables, elle ne pourrait être « belle ». Sauf que nous, les codes, on s’en fout ! Mieux, à la longue, on aime bien ça, lorsque des musiciens s’amusent à les détourner. Cap donc sur Building Instrument, un trio norvégien (de plus) qui se compose d’une chanteuse / multi-instrumentiste (Mari Kvien Brunvoll – par ailleurs la sœur de la chanteuse internationalement reconnue Ane Brun), du claviériste Asmund Weltzien et du drummer Oyvind Hegg-Lunde. Building Instrument nous propose aujourd’hui son quatrième album publié en un peu plus de dix ans d’existence, (toujours) chez Hubro. Adepte d’une pop à l’esthétique inhabituelle, le trio rejoint sur cette voie le groupe de rock alternatif aujourd’hui disparu Low ou encore (mais oui !) une Kate Bush qui, depuis longtemps, ne s’embarrassait plus d’un protocole contraignant. En vérité, et même si ce type de comparaisons participe aux éloges qu’il est en droit d’obtenir, Building Instrument est un groupe unique. Aussi unique que cette musique construite autour d’un thème hautement symbolique (« Manen » signifie « lune » en norvégien) qui fait appel à tous nos sens en les mettant, sinon en éveil, du moins sens dessus dessous ! Et ça, c’est vraiment « beau » !