Camille Secheppet : Les poissons rouges aussi font leur traversée du désert

Camille Secheppet : Les poissons rouges aussi font leur traversée du désert

Gigantonium

C’est un souffle. C’est un souffle qui se propulse, qui se projette, se propage dans l’instrument, dans ses arcanes. C’est un souffle aéroporté, un souffle aérophage. Ce souffle, c’est celui de Camille Secheppet. Un souffle dont il insuffle, nourrit ses instruments, en l’occurrence un saxophone alto et un baryton. Ailleurs, on l’avait déjà entendu manier et remanier la clarinette ou la trompette mais c’est le sax alto qui semble bien être son instrument de prédilection. Celui avec lequel il s’était fait remarquer au sein de L’Orchestre en Carton, dont nous vous avions parlé dans ces pages il y a quelques mois, pour un disque paru également sur le label Gigantonium. Préférant les fugues et les échappées aux exercices de style démonstratifs, ses solos se profilent comme des soliloques éclairés. Jamais ils ne lassent l’oreille. Ce disque au titre déconcertant (la pochette ne l’est pas moins… !) aligne une grosse douzaine de compositions, dont une – dédoublée – revisite la chaconne de la 2ème Partita de Bach de manière très personnelle. Pour l’occasion, Secheppet s’est aussi essayé à l’harmonium sur quelques morceaux. Et le dialogue qu’il a instauré entre les deux instruments épate, tant la synergie entre leur souffle réciproque est étonnante. Parfois c’est un effet de studio qui vient donner une stupéfiante densité à la composition. Comme sur ce « 4,5 milliards d’années » où la spatialisation du son lui confère une aura presque sacrée. Un des meilleurs disques qu’il nous a été donné d’écouter en ce début d’année.

Eric Therer