Dwiki Dharmawan : Hari Ketiga

Dwiki Dharmawan : Hari Ketiga

MoonJune Records

Dwiki Dharmawan est un claviériste (piano, mini Moog, Fender Rhodes, harmonium) indonésien né en 1966. Personnalité importante du monde culturel dans son pays, il fut membre du groupe Krakatau (un mélange de jazz et de musiques traditionnelles javanaises) avec lequel il enregistra une dizaine albums. Ce « Hari Ketiga » (double CD pour une durée de plus de 2 heures 30) est son 4ème album pour l’écurie MoonJune Records qu’il a rejoint en 2015. Le disque a été enregistré en 2017 dans le cadre idyllique de la Casamurada, une ferme fortifiée du 12ème siècle située en Catalogne et qui a été transformée en studio d’enregistrement en 2007. Elle a accueilli de nombreux enregistrements de MoonJune Records. Dharmawan est entouré de Markus Reuter (touch guitar et electronics) et d’Asaf Sirkis (batterie), soit deux pointures de la maison de disques new-yorkaise. Le chanteur italien Boris Savoldelli fait également partie du projet et utilise très souvent sa voix comme un instrument. Dharmawan, aux convictions écologiques bien arrêtées, nous propose un album-concept basé sur les rapports entre l’homme et la Terre, le tout vu de l’Espace, avec une volonté évidente de nous conscientiser sur les problèmes environnementaux. Musicalement, les ambiances proposées sont très variées. Cet éclectisme fait la richesse de ces compositions aux influences prog prononcées, aux thèmes world music (de courts chants traditionnels indonésiens), à des colorations ambient avec un fond jazz (qui va de la fusion au free par moments). Cette variété peut se développer aisément dans de très longs morceaux (le plus court fait 6 minutes, mais le plus souvent, cela varie entre 19 et 34 minutes). Les claviers sont hyper présents, à un point tel que l’on se surprend de la discrétion d’un Markus Reuter, se « contentant » d’apporter quelques effets avec sa touch guitar. Cette discrétion n’est malheureusement pas la qualité première du chanteur Boris Savoldelli : ses qualités vocales ne doivent pas être remises en question, mais son chant (presque exclusivement en italien), certes original, peut souvent devenir grandiloquent et agaçant (avec un côté très « prog italien années 70 »). En outre, les paroles (d’un certain Alessandro Ducoli) mettent mal en valeur les nobles sentiments de Dharmawan : au mieux, elles sont naïves, au pire prétentieuses. Voici donc un disque (dont la durée aurait pu être moins longue) très original, qui prouve le savoir-faire et l’étendue de la culture musicale de Dwiki Dharmawan, mais qui aurait gagné en impact avec un chanteur moins omniprésent.

Sergio Liberati