Healing Orchestra : Free Jazz for the People !
Ne vous laissez pas cadenasser par le titre. De free jazz il est assurément question ici, mais pas que. Ce double album est avant tout un florilège, au sens premier du terme. Il visite et revisite les grandes pages du jazz, qu’elles soient celles du swing, du bop, des avant-gardes, parfois au travers d’hommages appuyés à Mingus (« Battling Soul of C.M. ») et à Waldron (« Spirit of Mal »). Le Healing Orchestra cite aussi William Parker, Sun Ra et le Black Earth Ensemble de Nicole Mitchell comme sources d’inspiration. Emmené sous la direction du pianiste et vibraphoniste Paul Wacrenier, ce grand ensemble français de 13 musiciens « s’inscrit dans le champ des musiques libres et créatives, tout en restant ancré stylistiquement dans l’histoire du jazz comme idiome et culture ». L’épithète « free » est davantage perçue ici comme une démarche, une attitude et non comme un paravent stylistique derrière lequel se retrancher. Liberté des sons, des tons, liberté à conduire les compositions sans leur assigner une structure précise, liberté d’emprunt également. Ainsi, en clôture du premier disque, cette reprise de l’iconographique « L’estaca » de Lluis Llach, célèbre chant révolutionnaire des années 60 par lequel il s’opposait à la dictature franquiste. Sur le second, on épinglera l’époustouflante « Fraternity Suite » qui, à elle seule, fait respirer et transpirer toute l’énergie du collectif, et fait ressortir avec brio la palette des nuances qu’il s’emploie à inoculer aux compositions écrites par l’inspiré Wacrenier.