Jazz en 25 Act !

Jazz en 25 Act !

Jazz en 25 ACT

ACTMUSIC

Après des années passées dans le business de la musique, Siggi Loch réalise un rêve : créer son propre label. Vingt-cinq ans et cinq cents albums plus tard, ACT célèbre ses noces d’argent avec un grand concert à Berlin et une série impressionnante de sorties ce printemps.

Caractéristiques d’un label où ont grandi des musiciens comme Youn Sun Nah, Lars Danielsson, Iiro Rantala ou Vincent Peirani : l’ouverture à des mondes parallèles au jazz, mais qui sur la ligne d’horizon se rejoignent pour créer un style propre au label, le mélange du rock, de la world, du classique, de la soul ou des courants du jazz contemporain. Le premier titre du catalogue sorti en 1992, « Jazzpaña », en était déjà l’exemple : réunir des grands noms du flamenco avec le WDR big Band rejoint par Michael Brecker et Al Di Meola, avec les arrangements de Arif Mardin et Vince Mendoza, ce dernier quasi inconnu à l’époque. Autre album mythique du label en 1995, « Europeana » réunissait Joachim Kühn, Albert Mangelsdorff, Django Bates et Klaus Doldinger pour une symphonie jazz écrite et arrangée par Michael Gibbs.

L’ouverture vers les artistes suédois a permis de faire connaître bien au-delà de leur frontière des musiciens devenus stars aujourd’hui comme Lars Danielsson, Nils Landgren (l’artiste le plus vendu du label), ViktoriaTolstoy, et bien sûr le pianiste Esbjörn Svensson qui allait devenir avec EST le trio piano/basse/batterie le plus influent de ce début de siècle. Avant de parler des prochaines sorties, voici un parcours subjectif à travers le quart de siècle d’un des labels les plus créatifs du jazz contemporain, vingt-cinq albums qui ont laissé un souvenir indélébile dans les oreilles de votre serviteur.

SIGGI LOCH

“Round About Federico Mompou” Richie Beirach / Gregor Huebner / George Mraz (2001)

Un pianiste majeur, mais sous-estimé et sous-employé. Merci à Steve Houben et à Eric Legnini de nous l’avoir fait entendre quelques fois en Belgique. Avec ce trio violon/basse/piano, il avait déjà repris Bartok, et avant de jouer Monteverdi, le voici qui nous fait découvrir Mompou. A son tour, Diederik Wissels nous en donnera des versions pleines de poésie.

“Shadows in the Rain” Christof Lauer / Jens Thomas / Sidsel Endresen (2001)

Les compositions de Sting revisitée: mélodie, invention, profondeur… Un album qui a longtemps tourney dans ma tête…

“Seven Days of Falling”  EST (2003)

Avec Esbjörn Svensson. Le trio qui a influencé tous les jeunes pianistes de la génération actuelle.

« Three Stories One End » Simon Nabatov / Drew Gress / Tom Raney (2002)

Un colosse du piano qui secoue aussi bien Bach, Brahms, Chopin ou Prokofiev que Monk, Coltrane ou Rollins.

“Structure” Teri Lyne Carrington / Greg Osby (2004)

Avec Greg Osby, Adam Rogers, Jimmy Haslip: une rencontre éphémère ( du moins, je crois) entre des musiciens dont l’influence M-Base est prégnante. Greg Osby au mieux de sa forme et Teri Lyne Carrington au groove puissant.

 “Paso Doble” Lars Danielsson / Leszek Mozder (2007)

Ou le souvenir d’un concert miraculeux au Gaume Jazz.

“Kalimba” Joachim Kühn / Majid Bekkas /  Ramon Lopez (2007)

Rencontre entre le jazz d’un adepte d’Ornette Coleman et les influences folks des mondes espagnol et maghrébin, « Kalimba » reflète bien les sources d’inspiration d’un des grands pianistes européens.

“Live in Hamburg” EST (2007)

Plusieurs titres de « Tuesday Wonderland” sont repris sur ce “live”, parfait “album souvenir” pour tous ceux qui ont vu ce “power trio” sur scène: élégance et puissance à la fois, surtout parfaite entente de musiciens qui se connaissent depuis des années, chose devenue rare de nos jours où le projet « one shot » prend souvent le dessus sur la durée.

“Mare Nostrum” Paolo Fresu / Richard Galliano /  Lundgren (2007)

Il y a le volume 1 et le volume 2, au choix. Les deux relève d’une musique quasi contemplatived’une beauté infinie. Trois musiciens qui savent ce que faire chanter l’instrument veut dire.

“Historicity” Vijay Iyer (2009)

Grammy Award du meilleur album instrumental, tout est dit.

“Same Girl” Youn Sun Nah (2010)

La perle coréenne devenue star international renouvèle chant jazz avec grâce et un contrôle de la voix époustouflant. « Lento » a suivi il y a quatre ans.

“Songs of Freedom” Nguyen Lê (2011)

Une relecture de classiques du rock superbement enregistrée, avec Stéphane Galland, Linley Marthe, Iliya Amar et des invités comme David Linx, Dhafer Youssef ou Youn Sun Nah.

“Samdhi” Rudresh Mahanthappa (2011)

Premier album du saxophonist sur le label t celui qui me l’a fait découvrir. Un mélange fascinant de jazz et de musique indienne qui me fera acheter « Bird Calls » ( voir plus loin)

“Lost Heroes” Iiro Rantala (2011)

Hommage à ses héros disparus, “Lost Heroes” parle d’Errol Garner, Art Tatum, Bill Evans, Jaco Pastorius… Sublime.

“Alter Ego”  Yaron Herman + Emile Parisien (2012)

Emile Parisien et Logan Richardson, deux sax incontournables aujourd’hui, Stéphane Kerecki et Ziv Ravitz, plus Yaron Herman, c’est un des all-stars de la décennie.

« Kubic’s Cure » Pierrick Pedron (2012)

J’aurais pu choisir l’album consacré à Monk…Mais reprendre “The Cure” en version jazz, avec Méderic Collignon sur deux pièces, lui aussi baigné de culture rock – King Crimson : c’est audacieux et excitant.

“Thrill Box”  Vincent Peirani / Michael Wollny / Michel Benita (2013)

Découverte d’un tout grand musician dans tous les sens; vu avec Portal, Parisien, Youn Sun Nah, Wollny…et toujours le même impression de légèreté, d’invention, d’intensité dans la démarche musicale.

“Rêverie at Schloss Elmau” Gwilym Simcock /  Yuri Goloubev (2014)

Un des plus grands pianistes d’aujourd’hui,  entre jazz et classque.

“Belle Epoque” Emile Parisien / Vincent Peirani (2014)

Réunion de deux coqueluches du jazz français : écoutez les deux reprises de Sidney Bechet et « Dancers in Love » de Duke Ellington !

« New Folks » Philip Catherine / Martin Wind (2014)

Philip Catherine au sommet de son lyrisme dans un duo d’une intimité rare.

“La Strada Invisibile” Rita Marcotuli / Luciano Biondini (2014)

La mélodie à l’italienne comme on l’aime : raffinée, instinctive. Une façon d’associer piano et accordéon différente du duo Wollny-Peirani, mais tout aussi réussie, le charme du Sud en plus.

« Bird Calls » Rudresh Mahanthappa (2015)

Sans doute la relecture moderne de référence, tous labels confondus, pour l’oeuvre de Charlie Parker.

« The String Project Live in Brussels » Philip Catherine (2015)

Couronné en Allemagne comme un des meilleurs disques de l’année 2015, un parcours à travers la carrier de Philip Catherine avec ses plus belles compositions.

« Sfumato » Emile Parisien / Joachim Kühn (2016)

Unanimement, un des plus beaux albums de l’année 2016 et la rencontre entre deux personnalités.

“Meet Me at the Movies” Viktoria Tolstoy (2017)

Petra Haden et Bill Frisell l’ont fait récemment, et ce n’est pas une nouveauté, mais pour le cinéphile, l’émotion est toujours présente quand on reprend « As Time Goes By », avec la simplicité d’un trio acoustique.

2017 en 10 ACT 

Une quinzaine de sorties ACT sont prévues en 2017, en voici une première sélection :

Nguyên Lê / Ngô  Hông Quang : « Hà Nôi Duo » /  Andreas Schaerer  : « The Big Wig » / Julian and Roman Wasserfuhr :  “Landed in Brooklyn” (avec Donny McCasli, Tim Lefebvre et Nate Wood) / Jan Lundgren : “Postdamer Platz” / Mozder / Rantala/Wollny  : “Jazz At Berlin Philharmonic” / Beirach/Huebner  : “Live At Birdland” (avec Randy Brecker, George Mraz et Billy Hart) / Parisien/Peirani/Schaerer/Wollny  : “Out of Land” / Youn Sun Nah   (avec Jamie Saft, Brad Jones, Dan Rieser et Marc Ribot) / Ulf et Eric Wakenius  : « Father & Son » / Nils Landgren Funk Unit : « Unbreakable »

Pour l’accès au nouveau catalogue : ICI

Jean-Pierre Goffin