KUU! : Artificial Sheep
Régulièrement on vous parle des productions de ce label munichois, mais j’aimerais écrire quelques mots sur les pochettes. J’apprécie le design récurent qui est proposé sur le recto de chaque cd. Côté gauche le nom du groupe, le titre de l’album, le nom des musiciens et toujours une œuvre d’art contemporain comme illustration. Ici une œuvre de Gabriel Orozco. Le nom du label est toujours en haut à droite. On sait d’office quand c’est une production de chez Act et on a envie de débuter une collection !
Venons-en maintenant à KUU! (« Lune » en finlandais, vous pouvez rire !). Ce troisième album du quatuor finlandais, mené par Jelena Kuljic, une chanteuse / comédienne serbe, a été enregistré au renommé Hansa Studio de Berlin et doit son titre au livre « Do Androïds Dream of Electric Sheep » de Philip K. Dick. Derrière la voix parfois masculine de la chanteuse, nous trouvons deux guitaristes et un batteur. Trois superbes musiciens aux belles références. Kalle Kulima, qui joue aussi de la basse, a accompagné Anthony Braxton et Tony Allen, mais joue surtout avec Jimi Tenor, la star de l’underground finlandais. L’autre guitariste, Frank Möbus est un producteur renommé et a notamment joué avec quelqu’un que j’ai adoré : Kevin Coyne ! Enfin à la batterie, il y a le leader de Grund, Christian Lillinger, vu aussi aux côtés de Joachim Kühn, Joe Lovano ou Miroslav Vitous. KUU! joue une musique jazz-punk explosive, dense, propulsée par une batterie massacrante. On pense parfois aux fusions proposée par certains grands noms du rap / funk /rock (Rage Against The Machine, Red Hot Chili Peppers) avec un même saccadé dans le chant mais avec des guitares résolument jazz pour les lignes mélodiques. Cependant cette fusion est beaucoup plus alternative que celle des deux grands noms nommés ci-dessus. Quand la basse se lance dans la mêlée c’est le son de Les Clayton (Primus) qui nous est évoqué. Certaines interventions de cet instrument sont vraiment redoutables, efficaces. Il y a aussi du Zappa, des Residents, du Nina Hagen dans ce bouillant phénomène scandinave. Qui, pour bien brouiller les cartes, reprend la ballade parfois survoltée « My Body Is a Cage » d’Arcade Fire et le phénoménal « Sabotage » des Beastie Boys ! Un fameux maelstrom à la limite entre le rock, de par le chant et la section rythmique, et le jazz via les développements, les solos des guitaristes. On exclura cependant de l’ensemble le retenu « E-Major Peace ». Dans tous les cas, fameuse découverte pour votre serviteur.