Miguel Castro : Origin

Miguel Castro : Origin

Pousse Pousse Production / Inouïe distribution

D’origine chilienne, le guitariste Miguel Castro est basé en France où il se produit régulièrement et où il a enregistré son premier album au studio Bruère de Poitiers. Entouré du saxophoniste Jean-François Petitjean, du contrebassiste Rémi Liffran et du batteur Thibault Ragu, Miguel joue neuf compositions originales qui lui ont été inspirées tout à la fois par les empreintes des musiciens qui l’ont marqué, par la poésie d’auteurs chiliens et par certaines réflexions personnelles sur l’exil. Aussi ne sera-ton guère étonné d’y entendre des morceaux aux styles divers qui naviguent de pièces méditatives (« Exil ») à d’autres qui s’inscrivent davantage dans un genre de fusion mélodique hantée par une guitare électrique saturée (« El Camino »).

« Esperar » ouvre l’album en beauté sur une belle et calme mélodie qui s’épanouit en des improvisations fluides de guitare et de saxophone, un titre pour lequel le leader cite comme référence, à l’évidence non usurpée, les albums de Pat Metheny et de Mickael Brecker. D’autres titres explorent cette même voie où la mélodie et le lyrisme sont rois : « Dialogue », qui enchante par l’interaction des solistes, et « Là-Bas », en forme de rêverie qui traduit l’exil et le souvenir d’un pays lointain et idéalisé. On y rattachera aussi « Le Minotaure », un de ces moments musicaux inspirés par la littérature et dont l’objectif est de raconter une histoire, en l’occurrence celle du roman initiatique de Marion Richez à propos de la métamorphose.

Le répertoire comprend aussi trois titres qui s’inscrivent dans un registre différent. Construit sur un motif de basse obsédant qui sert de fil conducteur, « El camino » surprend par son énergie et sa guitare électrique au son saturé, même si la mélodie reste prédominante. Si « El Camino » représente le chemin à suivre, « Caminando » qui lui succède est le cheminement lui-même qui débute, comme la plupart des voyages, dans la sérénité et se poursuit en un crescendo subtil et captivant par des sentiers plus escarpés. Enfin, « Inspiration », qui est un hommage à l’album « Sand Woman » d’Henry Texier, brille par son improvisation libre de saxophone et de guitare, insérée entre deux exposés d’un thème splendide.

On aura compris que cet album parfois léger et parfois dense est aussi, au-delà des nombreuses improvisations et de la qualité des interprètes, une œuvre de compositeur. Chaque titre y est en effet réfléchi et sous-tendu par des images, des récits ou des idées philosophiques. C’est sans doute ce qui explique la profondeur de cette musique par ailleurs aussi variée que sensible.

Pierre Dulieu