Otok : Cabrioles cérébrales et accidents psychotiques
Au départ organe de production, par la suite flanquée d’un label, la plateforme Le Fondeur du Son est établie en région parisienne depuis une dizaine d’années, corps et âme voués aux « musiques créatives, révolutionnaires et peu commerciales ». De fait, le titre de ce disque qui s’ajoute à son catalogue n’a, a priori, pas vocation mercantile. Quant au nom du groupe, il faut le chercher dans l’histoire géologique ancienne, le terme Otok renvoyant à un terme utilisé par les Croates, qui désigne les îlots constitués par les sommets d’anciennes collines que la montée des eaux de l’Adriatique a englouties il y a très longtemps. En choisissant ce nom, Hamza Touré (saxophone), Thomas Zielinski (guitare), Yoram Rosilio (contrebasse) et Julien Catherine (batterie), ont imaginé « un carrefour d’imaginaires sur l’espace restreint d’un quartet qui serait à sa façon un îlot de l’Adriatique, espace restreint et sauvage en superficie… ». Cette allégorie résume de manière imagée la démarche de ces quatre improvisateurs en herbe.
Plus prosaïquement, ce premier disque est l’aboutissement de six compositions que l’on doit à Yoram Rosilio, qui les a remises sur le métier plusieurs fois. Une longue période de maturation de plus de dix ans pour des morceaux dont on perçoit bien qu’ils oscillent entre écriture et improvisation. L’album se veut comme « une mise en exploration de nos réflexes mentaux et musicaux ». Au final, derrière les mots, se profile une musique somme toute jubilatoire et contrastée, haute en rythmes et en souffles. La plage éponyme qui clôt le disque, chaloupée à l’envi, en résume sans doute au mieux l’ADN.