Sonic Spheres : Audio tribute to Pol Bury
Pour la commémoration du centième anniversaire de la naissance de l’artiste plasticien et écrivain Pol Bury (en 2022) et dans le cadre des manifestations prévues pour l’évènement dans la ville de La Louvière, Transcultures (Centre interdisciplinaire des cultures numériques et sonores – retenez ces mots, il ne sera question que de cela dans la musique éditée sur cet album) a passé commande à des créateurs aventureux travaillant tous en Belgique pour la réalisation d’œuvres librement inspirées de l’univers, des créations de Pol Bury. « Sonic Sphères » a aussi bénéficié d’un lancement live avec des performances, en mai dernier, dans le jardin du Centre Daily Bul & co fondé par Pol Bury dans sa ville de La Louvière, avec son ami écrivain André Balthazar.
Pari gagnant tant les compositions proposées évoquent les bruits de mouvements lents émis par les sculptures, régulièrement cinétiques ou par l’univers graphique, immiscé dans le surréaliste, d’une œuvre résolument contemporaine. N’ayant pas la volonté de vous faire connaître le parcours détaillé de ce grand créateur indisciplinaire (Wikipédia est votre ami), je me limiterai à une approche des musiques évocatrices d’un visuel singulier. Et force est de reconnaître les superbes textures faites par tous ces « bidouilleurs » des sons qui sont parvenus à magnifier essentiellement le côté cinétique de l’artiste. Sur des fondations majoritairement électroniques, ils se sont engagés sur les voies de la recherche sonique, en détournant, à l’occasion, des instruments ou des objets de leur fonction principale. On pense notamment à Pak Yan Lau qui a « joué » sur les cordes d’un piano à queue et utilisé des choses telles qu’une éponge métallique. Certains ont associé, à leur créations, l’eau des célèbres « Fontaines » de l’artiste (Alain Wergifosse, Charlemagne Palestine ici en collaboration avec assistant, également compositeur, Lionel Hubert), des bols chantants (Isa*Belle + Paradise Now), des objets sonorisés (Raymond Delepierre), des voix traitées (Didié Nietzsche avec le concours de Maja Jantar et Jean-Michel Van Schouwburg) ou encore des traitements électro-acoustiques (Todor Todoroff, Charo Calvo) mais toujours, et c’est là que cela en devient remarquable, avec ce désir d’évocation du mouvement lent si cher à Bury. Les haïkus proposés par le duo Pastoral (Christophe Bailleau et Philippe Franck) sont construits autour de textes poétiques inspirés par ceux de cet artiste multiple, qui figurent sur le très beau et très informatif livret inclus dans la pochette. La lecture des explications s’apparentant à chaque morceau est également une belle façon d’approcher travail sonore et la relation à la source d’inspiration. Des « musiques » qui ne se révéleront certainement pas à la première écoute, mais qui vous feront découvrir que les expérimentations, le sonique, l’ambiant, les bruits ou les objets vibrants peuvent se croiser et développer d’intrigantes choses et nous emmener sur des chemins de traverse. Et certainement sur celui qui mène aux œuvres plastiques et poétiques de Pol Bury. La finalité de cet hommage est atteinte.
Pour rappel : la Semaine du Son, du 22 janvier au 4 février. Présentation JazzMania.