The Fourth World Quartet : 1975
C’est une belle histoire : celle des trois frères Miller ayant grandi à Ann Arbor, Michigan, que le père, ichtyologiste et musicophile, emmena vers l’amour de la musique en les berçant de Saint-Saëns et de Dvorak. A l’adolescence, ils étudièrent chacun un instrument puis formèrent un groupe de reprises à tendance psychédélique, pour ensuite fonder un vrai groupe rock qui muta en un quatuor incluant un membre extra-familial. The Fourth World Quartet fit long feu, à peine un an et demi d’existence et deux concerts.
Cet enregistrement, saisi sur le vif au printemps 1975 au Thomas Jefferson College a, avant tout, valeur de témoignage. Il reflète une époque révolue où les mélanges improbables s’engageaient sans qu’il soit tenu compte d’un bilan des pertes et profits. Il y a dans cette musique des éléments de rock progressif, des inclinaisons de free jazz, des échappées classiques et un magnifique clin d’œil à Stravinsky en clôture de disque. Les instruments à vent ont la part belle mais le piano est omniprésent et, dans une mesure moindre, une guitare qui électrifie, en les aiguisant, certains morceaux. Derrière leur apparente cacophonie, plusieurs compositions s’avèrent de véritables trésors d’écriture, une écriture profondément originale ainsi qu’en attestent les fragments de partitions figurant en pochette intérieure. Ce que l’on retient de cette aventure c’est qu’elle mena à d’autres. Laurence et Benjamin formèrent Destroy All Monsters, le premier groupe proto-punk d’Ann Arbor au sein duquel on retrouvera des membres des Stooges et du MC5. Pour sa part, Roger déménagea à Boston où il devint accordeur de piano et où il forma le groupe énigmatique Mission of Burma. Au final, ce disque s’avère un belle page d’anthologie musicale des années septante.