Zaäar : Magická Džungľa
On entre dans l’univers de Zaäar sans vraiment savoir ce qui nous y attend. Live, le groupe se targue de ne jamais interpréter deux fois le même morceau, jouant la carte de l’improvisation de manière délibérée mais aussi de façon étonnement travaillée et réfléchie. Côté enregistrements il y a, pour l’heure, ce disque. Un splendide double vinyle de couleur verte ou jaune, c’est selon l’édition, glissée dans une pochette somptueuse portraiturant des animaux démesurés, dénaturés. Fausse nature morte. A l’image de ce collectif de cinq musiciens qui est une émanation (quoique le terme soit impropre) de Neptunian Maximalism, un projet initié par Guillaume Cazalet et par le saxophoniste Jean-Jacques Duerinckx. Outre ces deux-ci, il compte en son sein Sébastien Schmit, Didié Nietzsch et Hugues-Philippe Desrosiers. Il faut passer au-delà des étiquettes un rien racoleuses style « Psych Occult » ou « Voodoo free jazz/improv » qui affublent leurs apparitions si l’on veut saisir pleinement l’essence de leur musique. « Respiration aérobie », qui ouvre le premier disque, démarre lentement, un peu à la manière d’un exercice de… respiration, allant en s’étoffant, en s’emplissant de souffles et de rythmes pendant plus d’une vingtaine de minutes. Trois autres longues pièces adroitement balancées lui succèdent avant l’« Explosion cambrienne » qui marque un point d’orgue dans ce parcours. Le disque se clôt sur « Grande oxydation », à nouveau un morceau étendu, oscillant entre divagations et tribulations.
« Magická Džungľa » tient à la fois du grimoire de magie faussement noire et du manuel de sciences naturelles. Il se glissera quelque part au hasard entre les volumes de Current 93, de Popol Vuh, les incantations des musiciens de Jajouka et les livres de Raymond Roussel.