Jean-Charles Richard : L’étoffe des rêves
Voici le nouveau projet tout en sensibilité du saxophoniste soprano et baryton Jean-Charles Richard qu’on avait pu découvrir, en solo, à la galerie Arthome d’Oupeye, il y a quelques années…Après un parcours aux Conservatoires de Macon et Dijon, il a gagné Paris où il a remporté un Premier Prix de Saxophone Classique et découvert les milieux jazz et de l’improvisation. A son nom, il a gravé l’album « Faces » en 2006 puis « Traces » en 2012. Il a aussi été choisi pour interpréter le Concerto pour saxophone de Martial Solal et possède à son actif une grande expérience de sideman. Entre autres, « Room Service » de la vocaliste Claudia Solal, « Fiesta Nocturna » de Jean-Marie Machado, « Pulsions » de Christophe Marguet.
Pour les 11 compositions originales de « L’étoffe des rêves », il a opté pour des configurations à géométrie variable. D’abord des duos, avec le violoncelliste Vincent Segal qui, après des études à la Banff Academy au Canada, a collaboré avec Cesaria Evora, Mathieu Chedid ou Sting et fondé Bumcello avec le percussionniste Cyril Atef (album « Cheree Queen », entre autres). On découvre notamment le duo baryton / pizzicati de violoncelle sur le mélancolique « Feodor » qui ouvre l’album ou sur « La Lettre d’Isaac Babel » et « Light Flight ». Deuxième complice, Claudia Solal, la fille de Martial Solal (elle fait partie de son New Decaband) et élève de Christine Legrand des Double Six. Elle a formé un quartet avec le pianiste Baptiste Trotignon et un trio d’improvisation vocale avec Médéric Collignon. On l’entend chanter « Ophelia’s Death » en anglais, en hommage au poème de Rimbaud, en français sur « Ophélie » dont elle évoque la « douce folie » avec le violoncelle et sur « l’Etoffe des rêves », avec le soprano, un texte davantage dit que chanté. Reste le dernier complice, le pianiste américain Marc Copland qui a fait partie du trio de Gary Peacock (« Now This »), a formé un quartet avec John Abercrombie (« 39 Steps ») et un trio avec Drew Gress et Joachim Rückert. Il a aussi enregistré « Alone » en solo, « Zénith » avec le trompettiste Ralph Alessi ou « Crosstalk » avec le saxophoniste Greg Osby. Ici, on l’entend sur « Giverny » aux colorations pastelles avec le soprano, sur « Ophelia’s Death », sur « Russian Prince » dont le rythme, emmené par le soprano, s’emballe au fur et à mesure, ou sur le lyrique « Desquartes » avec sax baryton. Enfin l’album se clôt sur le solo absolu de baryton « Weeping Brook » en volutes sensuelles. Un album aux délicates nuances pastelles.