Eric Séva : Mother of Pearl

Eric Séva : Mother of Pearl

Les Z’arts de Garonne / L’Autre Distribution

Fatalement inspiré par un père musicien du dimanche, le saxophoniste Eric Séva a, dès le départ, été attiré par les musiques populaires. En 1990, il part pour New York et croise Dave Liebman. En 2005, il enregistre « Close to Heaven », au sein de l’Orchestre National de Jazz dirigé par le vibraphoniste Franck Tortiller. Parallèlement, il grave l’album « Folklores imaginaires » (un titre révélateur) avec Olivier Louvel à la guitare et au saz. Suivront les albums, « Espaces croisés », avec l’accordéon et le bandonéon de Lionel Suarez, avec des titres qui le personnifient pleinement, « Identité vagabonde »  et « Nomade sonore » qui illustrent sa recherche d’attaches aux musiques traditionnelles. En 2017, il enregistre « Body & Blues », autre référence évidente. Voici que sort « Mother of Pearl », qui a pour moteur l’album « Summit », que Gerry Mulligan a enregistré en 1974 avec le bandonéoniste argentin Astor Piazzolla… un autre exemple de mariage d’univers musicaux. Au cœur de l’album, un dialogue constant et empathique entre les saxophones (soprano et baryton) de Séva et l’accordéon de Daniel Mille. Né en 1958, Daniel Mille a d’abord accompagné des chanteurs comme Claude Nougaro ou la voix magique de Barbara. Il a croisé Richard Galliano et voue une grande admiration pour  Astor Piazzolla (album « Cierra tus ojos »). Au piano et Fender, Alfio Origlio, qui  lui aussi a accompagné des chanteurs comme Michel Jonasz, a fait partie du Paris Jazz Big Band (album « A suivre ») et rejoint le groupe Casa Negra du saxophoniste Pierre Bertrand. A la contrebasse, un “pilier”, Christophe Wallemme, qui a fait partie du trio  Prysm et de celui de Manuel Rocheman. Il a aussi enregistré avec David Linx comme Sylvain Beuf. A la batterie et aux percussions, Zaza Desiderio. Né à Rio, il a croisé Nelson Veras comme Marcia Maria. Au répertoire de l’album, dix compositions du leader et un emprunt à l’album d’Astor Piazzolla et Gerry Mulligan, « Summit », « Close Your Eyes And Listen » aux accents vibrants de tango. En totale interactivité avec l’accordéon chantant de Daniel Mille, Séva passe d’un soprano voltigeur et volubile (« Mother Of Pearl », « La Cordillère des Anches », « Mitmus », « Hope in Blue » avec une belle intro de piano ou « Itha Grande ») à un baryton à la sonorité puissante et éclatante (« Travel Day » avec une intro pleine de mystère, « Close Your Eyes » et « BisMop » aux accents de tango virevoltants, « Luz d’Eus », « En regardant l’eau d’Om » et « The Oak’s Song » en solo absolu très impressionnant). Une musique au charme très prenant et une vraie leçon de saxophone.

Claude Loxhay